lundi 3 octobre 2011

Un anniversaire pas comme les autres …

Un jour , je savais qu’il me faudrait retourner chez elle . Plusieurs fois déjà j’avais évité sa rue , je m’étais trouvé des excuses pour ne pas monter les escaliers et j’avais imaginé des prétextes pour se voir ailleurs avec son mari et les enfants .

Mais ce dimanche , il m’était impossible de me défiler , nous fêtions les dix ans de mon filleul .

Michel m’a téléphoné tard la veille , une longue conversation où il avouait enfin sa douleur , ses difficultés , son chemin de deuil .

Je l’ai juste écouté en taisant ma peine , de toute façon il sait  , je lui ai laissé toute la place de parler , de se déverser , lui qui habituellement retenait ses émotions . Son absence l’oblige à avancer , à bouger , à évoluer , à s’emparer de sa vie , mes trippes se serrent parce que je me souviens …

“ Tu viens demain !”
“ Oui , je viens …”

Ma nuit fut tempête …

Dans la matinée , j’ai marché dans les rues de la ville , j’ai croisé des marathoniens avec leurs brassards et leur sueur , ma course à moi c’était les quelques kilomètres qu’il fallait que je franchisse avec ma peur .

J’ai fait plusieurs fois le tour du quartier avant d’approcher de sa rue , je suis passée devant l’ancien appartement celui du rdc . Il nous arrivait de discuter jusqu’au petit matin , le bruit des poubelles était l’ultime signal , le moment de nous séparer .

Il n’y avait pas de place dans sa rue , je me suis garée contre la haie , une astuce qu’elle m’avait montrée . Je souffle la fumée d’une cigarette par la vitre ouverte , j’hésite à sortir de ma voiture …

Et puis je monte les marches , je renifle , j’essuie mes yeux , j’hésite et puis j’appuie sur le bouton de l’interphone sans même regarder le nom , c’est le deuxième de la rangée de droite . Dans l’ascenseur j’ai mal au ventre , j’ai la tête qui tourne …

La porte s’ouvre … “ Ah enfin Marraine !” Mon filleul est déjà blotti contre moi . Le chien saute sur mes jambes je franchis le seuil , je la cherche … j’entends encore ses reproches d’être en retard … mais elle n’est pas là et je me crispe , surtout ne pas craquer … Il y a toujours ses bouddhas sur le meuble de l’entrée …

J’essaye de sourire en saluant tout le monde , les bonjours sont discrets , oubliées les mises en boite tonitruantes . L’apéro , la choucroute , je vais aider Michel dans la cuisine . Avec Christine c’était notre endroit , là où nous cancanions , où nous gloussions , où on se donnait vite les dernières nouvelles … Nous buvions un café pour elle , un thé pour moi , nous fumions vite fait une cigarette …

Et puis discrètement je suis allée dans la salle de bain , il n’y avait plus sa boite à bijoux , ni ses parfums , sur l’étagère à gauche , il n’y avait plus ses tampax , ni ses produits de toilette , mon regard s’est figé sur le vernis à ongles poussiéreux  et le crayon noir abandonné dans un coin , je me suis lavée les mains et je me suis passée de l’eau fraiche sur le visage …

Coco a soufflé ses bougies une fois , nous avons tous essayé de faire comme si … mais nous savions bien que c’était difficile pour chacun d’entre nous … nous avons même oublié de chanter …

Coco a ouvert ses paquets , il a eut la console que sa maman lui avait promis pour ses dix ans .

C’était difficile pour chacun d’entre nous , nous sommes descendus jouer aux boules dehors , sur le terrain abimé et biscornu mais ça n’avait pas d’importance … 

 

Nous nous sommes mis encore à table , petit à petit les invités sont partis , Coco est allé se coucher sans son exubérance habituelle et enfin nous avons pu pleurer toutes deux avec la maman de Christine dans un coin de la salle à manger .

5 commentaires:

Anonyme a dit…

*** Bonjour Ma Tinou, que c'est dur n'est-ce pas d'affronter le manque d'un être cher disparu ? continuer à vivre, continuer coûte que coûte malgré l'absence !

Chacun vit son deuil à sa manière, on s'auto-protège pour ne pas trop souffrir, et ce n'est pas évident parce que certains moments plus que d'autres, certains jours, certains endroits, certaines personnes nous rappellent cruellement qu'il ou qu'elle est partie...

Tu as fait un grand pas lors de cet anniversaire, tu as pleuré à la fin de la journée, tu as partagé ta peine avec la maman de Christine et je trouve ça très bien. Tu avances.

Je suis émue Ma Tinou.

GROS BISOUS !!!!! ***

Anonyme a dit…

je suis tellement émue de te lire et je me revois à l'hôpital à Lyon, dans cette petite salle, tu étais assise en faced emoi et tu me parlais d'elle , tu voulais la secouer pourqu'elle avance encore, je me rappelle de tout et j'ai vu ta peine...

je suis là toujours à te lire et si j'ai quitté mes blogs c'est pour enfin MIEUX me protégere t me soigner, mais je reste avec les personnes que j'aime dans le coeur...come toi, Nancy, Chrys et quelques autres...

je t'embrasse très fort il faut beaucoup de temps, mon amie Lily est partie il y a bientôt quatre ans, j'y pense tout le temps encore... oui le manque est dur à vivre... pourquoi dire le contraire !!!

sois forte tu l'as été hier, tu as fait ce pas !
je t'embrasse de tout mon coeur

Anonyme a dit…

*** Un petit coucou en ce mardi matin !!!! GROSSES BISES à toi Ma Gentille Martine :o) ! ***

Anonyme a dit…

*** Petit bonjour chez toi en ce jeudi après midi Ma Tinou ! BISES et bonne fin de journée ! :o) ***

Le Journal de Chrys a dit…

Gros bisous Ma Tinou!!!!