Automne

 

Remisées dans le placard à chaussures mes tongs d’été , compressés mes pieds dans  mes ballerines d’automne , assise sur un banc de pierres , j’amuse mes semelles des feuilles tout juste tombées .

J’ai 17 minutes encore à lambiner avant de reprendre le chemin du travail .

L’été se meurt , la brise fait tournebouler sur le gorrhe ce que les arbres abandonnent , bientôt déplumés .

J’éternue , je cherche dans mes poches un mouchoir , encore un atchoum , mes yeux me piquent , pleurent , j’ai la tête dans un étau , j’ai mal aux oreilles , la gauche surtout me lance .

Atchoum ! des marrons dodus jouent entre ombre et lumières , aie aie , je crains d’avoir fait une rencontre brutale avec un peloton de microbes .

J’ai une dizaine de minutes à lambiner avant de reprendre le chemin du travail .

Je sors mon appareil photos et entre deux atchoum , je prends des clichés dans un périmètre de quelques pas pour me convaincre que c’est l’automne , pour garder ces enchevêtrements de forme et de couleurs .

Je renifle  , j’ai des envies d’ailleurs , de voyages , de changements , les marrons , les feuilles mortes , les jours plus courts , le temps passe si vite , je dois avoir la grippe .

Je n’ai plus de minute à lambiner , presque aux frontières du retard . 

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