jeudi 31 juillet 2008

La lettre

A 6 h 48 , dans la cour de l'immeuble résonnaient déjà la voix des ouvriers en chantier dans la boutique d'à côté . L'un d'eux me sortit du sommeil pour que je déplace ma voiture . A t-il reconnu ma voix encore embrouillée d'endormissement dans le téléphone , il s'excusa en douceur , je lui répondis en bougonnant . Je tâtonne pour trouver ma robe , je ferme les yeux encore quelques secondes pendant que je l'enfile comme un sursis . Qu' ai je fait de mes chaussures noires , je trouve les vertes .
Le groupe d'hommes m'attend pour déplacer leur camion , je râle , ils se désolent de m'avoir réveillée , ils s'empressent de me désigner l'endroit qu'ils ont réservé à mon véhicule et se confondent encore en remerciements . Mais je suis décidément de méchante humeur et je leur rétorque que j'aurais voulu dormir entre mes quatre jours de travail à 12 heures .
Plantée devant eux dans mes certitudes de bon droit , je réalise soudain qu'ils ne sont pas là non plus pour préparer leur départ en vacances . Je m'empresse alors de sourire , j'adoucis le ton , ils m'expliquent qu'ils ne pouvaient pas faire autrement , je deviens compréhensive et comme ils débarrassent un magasin , ils me proposent même de me délester de mes encombrants .
Ah merci , j'ai justement un aspirateur qui a expiré son dernier souffle et un radiateur qui ne chauffe plus .
Impossible de retrouver le sommeil , je réfléchis aux petites choses urgentes que j'ai à faire .
Je griffonne ma liste :
- passer à la banque
- vider les poubelles
- écrire ma contestation pour la majoration injuste de mes pv
- réinstaller mon ordi
- aller à la poste
- une ballade au soleil
- trouver un chargeur de téléphone
- acheter à manger
Mais je traîne parce que je suis fatiguée , il fait chaud .
Je branche les fils de mon pc , je le mets en route , il rame toujours , la réparation de mon collègue n'est pas probante . Je suis déçue .
Je rédige mon courrier , d'abord un brouillon puis un autre et encore un et enfin ma lettre est prête , je glisse le tout dans une enveloppe .
Je descends les poubelles , je passe à la banque , je fonce à la Poste pour ne pas rater la levée .
Il fait chaud , les épaules sont dénudées , les robes légères ondulent au rythme des pas , des vacanciers ont leur tenue de touristes , aux terrasses des jeunes jouent aux cartes , une femme fume un cigare , un homme est sérieux au téléphone , une groupe d'adolescentes éclatent de rire , le serveur sue dans sa chemise blanche et son gilet noir , des parents lisent un guide de Lyon à leurs enfants en allemand , je croise ma voisine et j'ai les cuisses qui collent un peu à force de marcher . Je trouve un chargeur dans une boutique , le vendeur plaisante quand je doute sur la compatibilité avec mon téléphone .
La roue tourne dans un ciel laiteux et à la librairie Privat , je trouve un exemplaire de " Tout d'un blog ", Coumarine est bien installée à Lyon .
J'ai envie de manger du melon , à l' épicerie j'en trouve un qui sent bon .
Je rentre la peau moite de chaleur , mais satisfaite de pouvoir cocher tous les points de ma liste . Je pose mon sac sur mon fauteuil et en jetant un coup d'oeil sur mon bureau , je découvre dépitée que dans l'enveloppe , j'ai mis un brouillon , ma lettre tout propre , pliée au carré est posée là à côté de l'ordinateur .

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Matinou, la vie est une dentelle...avec ses petites usures, ses petites tâches...
Le soleil a joué dans tes cheveux et t'a accompagné dans tes périgrinations le long de ta ville en vacance...
J'entends les bruits de la rue, par te yeux je vois les touristes, les promeneurs...
Avec toi, et comme toi, j'ai envie de manger du melon frais!
En ce qui concerne ton ''brouillon'' expédié à la place de ''la vraie lettre''...je suis un peu sidérée, comme toi !!
Mais la vie est une dentelle...avec des petits trous parfois...
Je t'embrasse fort!

MaTinou a dit…

Merci Jaca , parfois la vie c'est toute une déchirure et il faut raccommoder à petits points la fragile dentelles .
Je t'envoie des bizoux dans ta jolie province où j'ai de jolis souvenirs
Matinou

Anonyme a dit…

Bisoux d'une Pivoine qui te lit.