dimanche 7 février 2010

Rangement et changement

Ils ont encore téléphoné pour confirmer qu’ils passeraient par Lyon en provenance de Bretagne , je leur avais promis de leur faire visiter la ville , j’étais contente de les voir , j’étais terrifier de les recevoir . Je n’avais pas terminé de retaper mon meuble , mon appartement était dans un désordre innommable . Oh non pas une pagaille de quelques jours , ni même de quelques mois mais un chaos à compter peut être en années , je ne me souviens plus , des dégâts accumulés en jouant l’évitement , finalement dans l’indifférence . Plus personne ne venait me voir , nul n’insistait  devant ma porte , aucun ne s’inquiétait de l’état d’un chez moi dans lequel je m’enlisais . J’esquivais comme une pro , je détournais les demandes , je trouvais des prétextes comme celui du restau ou de la fatigue et cela ne fit soucis à personne , je réalise soudain ce personne , presque le phénomène Diogène entendu il y a quelques jours sur France Culture ! Je maintenais cependant quelques ilots d’ordre , je faisais quand même la vaisselle mais je dormais sur une moitié de lit , je slalomais entre des amoncellements , souvent je préférais dormir pour ne rien voir , même habillée quand l’angoisse me dévorait .

Plusieurs fois , j’avais regardé “C’est du propre” sur M6 comme pour trouver des solutions et j’étais parfois rassurée en me disant que je n’en étais pas encore arrivée à ce point là , quoique parfois … Mais mon véritable électrochoc fut quand je suis rentrée chez Denise ma voisine pour aller chercher Maya , c’était immonde et je me dis que si je ne réagissais pas , il me serait facile de finir comme elle …  

J’ai accepté qu’ils viennent en provenance de Bretagne sur leur route du ski , j’ai accepté et j’étais soudain au pied du mur . Et je fus prise de panique devant l’ampleur de la tache qui m’attendait , j’ai beaucoup pleuré de honte , j’étais confrontée à moi même , seule , toute seule , vraiment seule . J’ai faillit téléphoner , trouver une excuse pour annuler , me défiler , me débiner mais je ne l’ai pas fait , j’avais enfin un prétexte pour changer les choses , un ultimatum pour sortir de ce marasme , une raison d’agir . Ce qui était sur et certain , c’était que je ne pouvais pas les laisser pénétrer dans un chez moi en désordre , chaotique , sale .

Je fus tentée de me punir , fermer mon blog pour ne pas être tentée de trainer sur l’ordinateur , je me suis insultée , traitée de tous les noms , je me suis détestée , hais et puis je me suis encouragée , félicitée quand j’eus finis de décaper enfin mon meuble , passé la sous couche blanche . Je me disais que finalement j’aurais pu le faire avant que ce n’était pas si compliqué mais forte de ce constat , je me laissais à nouveau aller et il me fallut encore aller puiser une énergie méconnue . C’était un combat acharné , une lutte avec moi même  , je me maltraitais pour poursuivre ma tache , je ne dormais plus , je pleurais en rangeant mes piles de revues , en triant mes papiers , mais j’attins un premier objectif , mon lit était débarrassé .  J’allais travailler comme un répit , je prétextais des courses pour ne pas rentrer et je me disputais encore .

Lundi , il y a une quinzaine , je fus fauchée par un méchant rhume et une gastro , je courais de mon lit aux cuvettes , de la cuisine à mon seau , j’avais peut être trouver mon excuse pour capituler , ne pas les recevoir , j’avais un mal de tête qui me tambourinait les tempes , les entrailles qui me brûlaient , se tordaient et pourtant je continuais au ralenti mon rangement , je passais la première couche de peinture verte sur mon meuble . Cinq jours d’enfer , de doutes , entre volonté et résignation . Je ne me suis jamais autant parlée , j’étais seule dans cette épreuve , bizarrement le téléphone restait muet . J’alternais l’enthousiasme et le découragement , je passais une deuxième couche de peinture verte sur mon meuble en pleine nuit . En posant mon pinceau j’étais enfin fière de moi mais je m’engueulais encore de ne pas l’avoir fait plus tôt .

Les jours s’enchaînaient et je ne voyais pas comment je pourrais finir à temps , je me méprisais en m’écroulant de fatigue , je me relevais brutalement pour remplir une poubelle , ranger de la vaisselle , effacer des traces de poussière , je passais une couche de vernis sur mon meuble , elle aurait juste le temps de sécher . Je recouvrais les étagères de Venilia métallisé , j’étais hagarde , désespérée .  La veille de leur arrivée , il me restait tant à faire , j’hurlais de rage dans mon oreiller , j’aurais voulu m’enfuir , être aux abonnés absents ,disparaître .

Je rassemblais mes dernières forces , je m’encourageais plus fort , je mis dans des boites ce qui trainaient encore , il n’était plus temps de faire dans les détails et le perfectionnisme , il fallait être efficace et tant pis si je planquais négligemment  ce qui restait dans la pièce où j’étais sure qu’ils n’iraient pas . Je transpirais en passant l’aspirateur , je m’affolais dans la cuisine pour remplir mon meuble enfin fini , je balayais , je passais la serpillière , je rangeais encore et quand vers 18 heures , ils appelèrent pour me dire qu’ils venaient d’arriver mon appartement était presque propret , ordonné mais je n’avais pas fait les courses pour le repas du soir et je n’avais pas pris ma douche . J’étais exténuée , déçue de pas avoir eut le temps de cuisiner mais soulagée de pouvoir les accueillir dans un endroit correct . Ce n’était pas parfait mais ce qu’ils ne sauront pas , c’est que je venais de bouleverser ma vie .

Ils restèrent deux jours , quand ils rentraient à leur petit hôtel que je leur avais trouvé , je me dépêchais de ranger , de faire la vaisselle , de passer un coup de balai , je préparais les petits déjeuners ou le repas. Je leur ai fait visiter Lyon , nous sommes montés jusqu’à Fourvière , nous avons arpenté Saint Jean , parcouru les rues piétonnes , je leur ai raconté la ville . Ce furent d’agréables moments mais surtout  j’avais pu rouvrir la porte d’un chez moi qui m’était devenu insupportable , j’avais enfin pu mettre de l’ordre , nettoyer , me débarrasser de cette honte silencieuse qui m’oppressait .

C’était , il y a une dizaine de jours …

Alors que s’est il passé depuis me direz vous ?

Et bien , je me suis installée dans de nouvelles habitudes ! Dès que je me lève je fais mon lit , je ne laisse rien traîner , je fais la vaisselle , je nettoie la cuisinière , je me couche en m’assurant que tout est en ordre . Je passe l’aspirateur , je fais la poussière . Je profite de mon appartement . Alors bien sûr , il me reste à ranger la pièce où j’ai tout entassé , ce sera l’étape suivante … Mais déjà garder en état ce qui est fait , est un changement crucial , une sérénité , un bout d’estime de moi retrouvés .  Je ne vis plus dans la honte  , je ne suis plus dans la crainte que quelqu’un sonne à l’improviste  , je n’existe plus cachée , tapie comme dans une caverne , repliée , recluse . Je peux ouvrir les rideaux , laisser entrer la lumière …    

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Il me reste encore à m’occuper de moi , le moi corps , me tenir à un régime , bouger et puis tant encore …

6 commentaires:

Claire a dit…

bisous

Unknown a dit…

Matinou , je te le dis ? Je suis émue aux larmes en lisant ton billet ...je suis tellement contente pour toi parce que je crois deviner comme cela a dû être difficile pour toi . Et tu as fait cela toute seule , sans rien nous demander en soutien moral . T'es forte vraiment . Je t'admire . C'est pas facile quand on a une partie de soi qui résiste , c'est pas facile et tu y es arrivée ! Je le savais !
Dis , tu viens quand tu veux à Bruxelles . J'ai du logement et ma porte t'es ouverte . Bon, tu me préviens que je sois là et que je ....mette de l'ordre ! ( sourire ) . Tu es la bienvenue , sache ça !
J'aime beaucoup ton écriture ...je sais , je te l'ai déjà dit mais quand j'aime je ne compte pas !
Je t'embrasse bien fort Matinou et très bonne semaine .

MaTinou a dit…

Bisous Claire , courage à toi

MaTinou a dit…

Bonsoir Julie , j'avoue , ce ne fut pas facile et ce n'est pas terminé mais l'essentiel est fait et je dois encore m'y tenir , m'installer dans ce nouveau mode de vie pas pour les autres mais pour moi même , restaurer mon image , c'est une première étape . Merci de tes encouragements ... merci ...
Et encore un merci pour ton invitation , prendre le train pour Bruxelles fait partie maintenant de mes projets , au printemps ce pourrait être sympa , quand la nature se réveille , que les jours grandissent ... prendre le train ... regarder défiler les paysages ... oui très envie de venir et de faire ta connaissance pour de vrai ... Ca te conviendrait au printemps ?
Julie , je t'embrasse bien fort à bientôt
Matinou
ps : et puis tu viendras à Lyon aussi n'est ce pas ?

Kloelle a dit…

Très bon texte vraiment et comme je comprends ce retour à l'estime de soi...

MaTinou a dit…

Bonsoir Kloelle , merci de ta visite et merci pour le compliment . C'est parfois un difficile parcours que de retrouver un peu d'estime pour soi .
Au plaisir de te revoir
Je t'embrasse
Matinou