vendredi 26 septembre 2008

De la ville à la vigne , au Domaine Richard Rottiers chapître 1

Il faisait tôt quand Christine et moi encore baillant avons quitté Lyon . Le GPS refusait d'adhérer au pare-brise de la voiture , une pause pour faire le plein et nous avons avalé les kilomètres dans la brume du jour levant . Nous sommes arrivés juste à l'heure à Romanèche-Thorins, à la Sambinerie , au domaine Richard Rottiers .
A peine le temps de dire bonjour que nous étions déjà dans les vignes .




Un seau , un sécateur et entre les feuilles mouillées de rosée , nous coupons les grappes . Nous progressons cep après cep , courbées ou agenouillées en causant joyeusement . Au bout du rang , le casse croûte du matin . Entre le saucisson et le verre de rouge , nous faisons connaissance avec nos comparses vendangeurs. Entre le carré de chocolat et le café quelques photos , mais déjà Richard notre vigneron passionné nous entraîne en sourire vers notre tâche .

Il parle de son raisin avec tendresse , nous recommande d'éliminer les grains secs , de nous débarrasser des pourris . Alors au creux de nos mains , le fruit devient précieux et quand dans la parcelle suivante , il nous raconte que les pieds de vigne ont plus de quatre vingt ans , nous vendangeons avec respect . Mais à la fin de la matinée , les premières douleurs titillent le dos et chauffent les cuisses . A midi Richard rassemble ses troupes , les cuisinières nous attendent avec des salades du jardin , des gratins fumants et des desserts pour adoucir notre labeur .

De retour dans les vignes , la digestion nous rend plus mous de la coupe , le premier rang semble interminable , les plus rapides
rejoignent les plus lents pour les aider à terminer . Des araignées aux grandes pattes s'invitent sur nos mains , la première fois j'ai entendu Christine pousser un cri et puis elle a finit par les apprivoiser . Pégase , le chien , court entre nos jambes , il répond aux appels qui fusent de droite ou de gauche . Pour nous encourager , les hotteurs plaisantent en passant d'un vendangeur à un autre . La grande fille d'à côté nous raconte son métier de médecin , la dame aux cheveux gris nous décrit ses 5000 mètres de jardin . Et un rang de plus de terminé .
Richard nous félicite , le raisin est bien trié , nous redoublons d'ardeur au travail . Les douleurs dans le dos se précisent , je donne à Christine un comprimé d'arnica et j'en croque un . Le dernier rang n'en finit plus ... et quand Richard nous signifie la fin de la journée , nous rejoignons nos voitures avec cette démarche dodelinante proche du canard !

Nous sirotons notre apéro en fumant une cigarette , avachies sur un banc de pierre dans la cour . Les plus courageux rincent les seaux et les sécateurs , Richard , son beau père et d'autres mettent le raisin dans les cuves . Et quand les cuisinières nous invitent à passer à table , nous affalons nos corps endoloris sur les bancs de bois . Entre parenthèse la fatigue , nous dégustons la cuvée de l'année dernière , nous mangeons au milieu des discussions animées , des éclats de rire , des gémissements quand il s'agit de se bouger . Mais Richard et sa femme Corinne prennent soin de nous , ils font de leurs vendanges un grand moment d'amitié , ils partagent leur passion tout en générosité , ils racontent leur vin , leurs vignes , leurs espoirs , leurs inquiétudes .
La cigarette d'après le repas et on cause encore dans la douceur de la nuit . On entrecroise nos vies , on dévoile nos métiers , on plaisante sur nos courbatures , on parle d'enfants . Et si on a mal à nos corps , ça fait du bien à la tête .
L'eau chaude de la douche soulage les meurtrissures de mes reins , mais qu'ils sont raides les escaliers pour rejoindre le dortoir avec ses lits collés serrés . Oui ... quel plaisir de s'abandonner dans les draps frais ... tient , il faudra que je demande à Richard l'origine de la construction des murs du grenier de sa maison .

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Délicieux petit reportage...

MaTinou a dit…

Merci Jean Nuages