Mardi , direction Paris (1)

J’étais à l’heure ce matin , presque trop .
L’appartement presque rangé , le lit fait , plus de vaisselle dans l’évier , la poubelle jetée .

J’étais à l’heure ce matin , presque trop .
Comme perdue dans ce temps qui restait , comme s’il aurait fallut une montée d’adrénaline , comme s’il y avait quelque chose qui n’était pas comme d’habitude , déroutée .

Alors j’ai rajouté une paire de chaussettes , comme si j’avais oublié l’indispensable .
J’ai fermé l’eau , coupé les multiprises , arrêté le chauffage .
Encore un pschitt de parfum .

Et je suis descendue en avance presque trop tôt à moins que ce ne soit juste comme il faut sans stress pour avoir le temps .
Le temps de constater que les ouvriers alignent régulièrement les pavés sur la couche de sable . Et je suis soulagée qu’ils le fassent .

Depuis des mois que ma rue était en travaux , je craignais qu’ils ne remplacent les pavés par du goudron noir ordinaire , la privant de sa particularité , de son bruit .
Mais les ouvriers étaient là , à genoux , au chevet de ma rue , le geste précis , minutieux , rythmé .

Alors j’ai pris le temps de les regarder dans une longue inspiration de satisfaction , une photo et j’ai repris mon chemin , mon sac sur le dos , trainant mon sac à roulettes , ça y est à quelques mètres de chez moi , je suis en vacances , l’aventure .

Au bout de la rue piétonne , sur la place Carnot , ils construisent le village de Noël  … J’ai encore le temps …